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La descenderie. Un nom entendu à de nombreuses reprises lorsqu’on évoque la reconstruction de la digue de Sangatte. Il faut dire que c’est un sujet de débat intarissable pour les amateurs de glisse du littoral. À chaque jour de grands vent ou de grande marée, et ce même l’hiver, il n’est pas rare de croiser quelques irréductibles venus se frotter aux vagues et au courant du spot de "la descenderie". Avec l’annonce de la reconstruction, des inquiétudes ont émergé dans les têtes des planchistes et des kite-surfeurs de la région.

En novembre 2015, le projet de reconstruction est présenté au public. L’État a décidé de protéger qu’une seule partie des habitations, autrement dit sur 2,4 kilomètres. Au sud-ouest, près de la descenderie, l’ajout de quatre rangées de pieux ou brise-lames longues de 100 mètres et deux rangées de pieux longitudinaux est annoncé de chaque côté du spot. Pour certains amateurs de glisse du littoral, ce projet était synonyme de la fin de la pratique nautique à Sangatte. En juillet, une pétition, signée 370 fois, demandait « une concertation avec les clubs, associations représentatives des pratiques sportives ainsi que les pratiquants individuels ». Pour Joël Romiguière, lanceur de la pétition, « les lignes de pieux, leur nombre et leur implantation devraient être modifiés pour ne pas conduire à la disparition du spot de la Descenderie ». Pour les usagers rencontrés aux abords du spot, cette implantation de pieux empêchait la navigation à mi- marée, à marée haute, à marée montante et descendante. Le temps de glisse aurait été fortement réduit voire quasi-inexistant. Le retour des kitesurfeurs et des windsurfeurs aurait été très compliqué et dangereux. La pratique de sport nautique au spot de la descenderie devenait difficile pour les pratiquants. À de nombreuses reprises, les kite-surfeurs et les planchistes ont rappelé qu’ils n’étaient pas contre la reconstruction de la digue de Sangatte qu’ils jugent « nécessaire ». Pour mieux comprendre le projet initial, découvrez la carte interactive.

Le 3 octobre dernier, lors d’une réunion entre les usagers sportifs et la DDTM, un compromis a été trouvé. Autour du spot de la descenderie, les deux rangées de pieux longitudinaux ont été espacées d’un mètre, raccourcies et des espaces ont été aménagés pour permettre la circulation des pratiquants. Une des quatre rangées a été supprimée tandis que les autres ont été raccourcies comme le présente le plan ci-dessous. Un compromis « satisfaisant » pour les usagers du spot. Pour Joël Romiguière, « la pratique sur le spot sera forcément impactée mais l'aménagement modifié permettra la poursuite de ces pratiques sportives sans les limiter très fortement comme dans le projet initial ». Même si, ce compromis est considéré comme un pas en avant, le temps de pratique sera réduit de moitié sur le spot. Simon Ruquier navigue depuis toujours à la descenderie. « Dès que j’ai du temps et que les conditions météorologiques le permettent, je vais naviguer », explique-t-il. Même si pour lui « le projet est une bonne chose pour les habitants », il regrette de voir son temps de loisir diminuer de moitié.

Face à la mer, Oscar Bia regarde ses amis naviguer sur les vagues. Le temps est propice aux activités nautique comme la planche à voile ou le windsurf : du vent, du courant, des vagues. Sourire aux lèvres, il explique être rassuré pour ce qui concerne le projet de reconstruction de la digue. Il a débuté la pratique de la planche à voile très jeune et depuis toujours il pratique à cet endroit dès qu’il le peut. Avec ses parents, il habite aux abords de la descenderie. Pour lui, ce projet de reconstruction est une nécessité pour la sauvegarde de sa maison. Mais au départ, il était attristé de voir le spot possiblement impraticable et ses habitudes disparaître. Aujourd’hui, à la vue du compromis, il se dit satisfait de la tournure des événements. « Nous allons perdre du temps de navigation mais nous pourrons continuer à pratiquer notre sport », martèle-t-il.

Vincent Badou est lui aussi très attaché au spot de la descenderie. Depuis près de 30 ans, il vient dès qu’il le peut naviguer sur sa planche à voile. Il a suivi de très près les annonces autour des travaux et scruté le dossier de présentation du projet. Au départ, très inquiet quant à la survie des pratiques de sport nautique à la descenderie, il est aujourd’hui rassuré. Même s’il aurait préféré peut-être ne pas voir l’implantation de pieux supplémentaires, il estime ce compromis comme un pas en avant. « C’est mieux que rien, c’était l’objectif de la concertation. Faire en sorte qu’il y ait un dialogue entre les pratiquants et la DDTM. Avec ces quatre rangées de pieux, c’était terminé », raconte-t-il. Même si aujourd’hui, il est conscient que son temps de navigation va être écourté de moitié, il rappelle, à de nombreuses reprises, qu’il n’a jamais été contre le projet de reconstruction de la digue, qu’il juge nécessaire pour protéger les habitants. À marée basse, sur le sable, il souhaite nous présenter le projet, son impact sur les pratiquants et les points évoqués lors de la réunion de novembre 2016.

Même son de cloche pour Nicolas Husse. Président de l’école de kitesurf, windsurf et de paddle, 2CapKite, le Sangattois a longtemps été inquiet quant à la survie du spot de la descenderie. Il nous accueille dans ses locaux. Planches, combinaisons, voiles et casquettes de toutes les couleurs viennent décorer les murs de son local. Lui-même kitesurfeur, il ne voulait pas voir disparaître l’endroit où il aime pratiquer son sport. Cet été, Nicolas avait demandé dans les colonnes de la Voix du Nord, qu’une concertation ait lieu entre les pratiquants du spot et la DDTM pour trouver un compromis pour ce qui concerne les rangées de pieux et leur longueur.

 

Avec ce projet, son activité professionnelle se retrouvait menacée. Avec ces pieux, ses adhérents, surtout débutants, auraient beaucoup de difficulté à revenir vers le bord. Aussi, ces brise-lames ajoutaient de la dangerosité à la pratique. Autrement dit, son école vieille de bientôt quatre ans, perdrait ses élèves et il devrait mettre la clef sous la porte. À de nombreuses reprises, il a affiché ses inquiétudes pour la survie de la descenderie et de son école. À la suite du compromis, les rangées de pieux ont été raccourcies et l’une d’entre elles a été supprimée. « C’est un compromis, chacun a lâché un peu du leste. C’est une solution, peut-être pas la meilleure pour moi », selon le kitesurfeur qui martèle ne pas être contre le projet de reconstruction.

Même si, selon lui, certaines journées de navigation ne seront pas écourtées, d’autres le seront « de trois ou quatre heures ». Une durée considérable dans le monde du sport nautique où la marée et les conditions météorologiques sont d’ores et déjà des « obstacles naturels » à la pratique. Conscient que ce projet risque de modifier son activité,  il espère « pouvoir continuer à travailler ». Avant même cette échéance, Nicolas Husse est inquiet pour ce qui concerne la tenue de son activité durant les travaux. « Est-ce qu’on pourra travailler même à marée basse avec le chantier, je ne sais pas », s’interroge-t-il.

 

Son école est située de l’autre côté de la route départementale 940. Il doit chaque jour la traverser avec ses élèves. Avec les camions remplis d’enrochements, il s’inquiète quant à leur sécurité. À de nombreuses reprises, Nicolas Husse a tenté de trouver une autre solution. Il est allé naviguer avec ses élèves plus loin, vers les Hemmes-de-Marck avec le camion, les planches, les voiles et les combinaisons. Une logistique difficile à mettre en place et coûteuse selon le professeur de kite-surf. « Je me suis installé ici, à Sangatte, et il serait dommage que j’aille faire mon travail à des kilomètres de là », explique-t-il. « Il faut attendre le début du chantier pour voir si tout se passe bien, nous verrons ».

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Lancée en juillet 2016, la pétition intitulée "Sauvons le spot de la Descenderie" a récolté 370 soutiens. Elle s'opposait à l'implantation des rangées de pieux sur le sable.

Dans le projet initial, l'ajout de quatre rangées de pieux parralèles de 100 mètres et deux rangées de pieux en épis longitudinaux de 150 mètres avait été évoquées.

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Le projet initial prévoyait l'implantation de quatre rangées de pieux traversaux de 100 mètres. Chaque rangée aurait été séparée de 100 mètres.

Le projet initial prévoyait l'implantation de deux épis longitudinaux de pieux de 150 mètres de long et deux rangées.

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Pour permettre aux amateurs de glisse de revenir plus facilement sur le rivage, des ouvertures de 5 mètres ont été pensées. Les deux lignes de pieux ont été raccourcies et séparées d'un mètre.

Pour offrir un peu plus de temps de navigation aux usagers du spot, les lignes de pieux traversaux ont été raccourcies de 20 mètres pour faire 80 mètres.

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Pascaline nous accueille chez elle dans son salon. Cette chef d'entreprise aime en sortant de son travail naviguer sur sa planche. Inquiète, elle l'est également. Depuis l'annonce du projet, elle craint ne plus pouvoir naviguer en toute sécurité. Aussi, la jeune auto-entrepreneuse est inquiète au sujet de la survie du paysage offert à Sangatte. "C'est très sauvage. Ce n'est jamais le même paysage, c'est l'une des plus belles plage de France", explique-t-elle. Comme les autres pratiquants du spot, elle espère qu'elle pourra continuer à naviguer pendant les travaux et après, en toute sécurité. Pour autant, même si le spot devient dangereux, elle n'ira pas ailleurs. "J'ai mes amis ici, des copines qui viennent naviguer avec moi. Je continuerai à pratiquer à la descenderie", conclut-elle.

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